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15 février : Récit de Joël GOUY

Joël Gouy continue de nous raconter cette terrible épreuve

 

     15 Février : Une fausse rentrée

a-Normaliens et élèves (et leurs parents) étaient convoqués pour ce lundi 15 février, que nous espérions être jour de reprise.

Comme la rentrée a été repoussée au 1er mars par le gouvernement, il fallait s’attendre  à une faible  participation.

Ce fut néanmoins très instructif.

-         la 86ème normalienne dont personne n’avait de nouvelle lors de notre réunion du 25 janvier, était présente. Donc, aucune victime pour l’ Ecole Normale Ayiti Education.

-         Je l’ai déjà annoncé, la petite Maevah Pierre (5 ans) a été victime du séisme ; c’est  le seul décès parmi nos élèves. J’ai fait observer 1 mn de silence, pour elle, pour les frères, sœurs, neveux, nièces, amis, pour les 1500 enseignants décédés, pour les

      217 000 morts ‘’officiels’’ (combien de cadavres encore sous les décombres ?). Plusieurs ont pleuré.

Martine et Raymond Barré étaient chargés d’accueillir individuellement chaque normalien.

Sur la fiche, quelques questions, dont celles-ci :

-quelle votre adresse actuelle ? Où dormez-vous ?-quelle sera votre adresse à la saison des pluies ? Où dormirez-vous ?

J’ai lu, ce soir, les 35 fiches des normaliens présents ce jour. Et JE SUIS EFFRAYE.

Actuellement, comme 99% de la population de la capitale, ils dorment sous des abris de fortune ; si la maison n’est pas trop délabrée, ils y entrent dans la journée.Mais ils n’ont pas de solution pour la saison des pluies. Car sur 35, seulement 5 d’entre eux pourront rentrer dans leur maison. Tous les autres, soit 30 sur 35 continueront à dormir dans des abris de fortune, la plupart du temps dans la rue. Car, ou bien la maison est morte et ils ne savent  où aller (et leur famille avec). Ou bien la maison a besoin de réparations et ils n’ont pas d’argent pour les effectuer. Car bon nombre de personnes qui assuraient leur subsistance ont perdu leur emploi.

Je le répète, je suis effrayé de savoir que des jeunes filles (les normaliennes sont majoritaires) vivent , avec leurs familles dans les rues et n’ont pas d'autre  perspective  que de rester dans la rue.

b- Comme c’était convenu avec nos deux associations du 44 et 49, j’ai annoncé que les écolages seraient gratuits de mars à juin. Ce fut applaudi.

Comme c’était convenu, je n’ai rien promis d’autre, même si nos associations sont à l’œuvre pour mieux les aider.

c- Et à l’école Jules Verne

Test réussi. Les élèves de CP1, de CP2 et de CE1 ont accepté, sans hésitation, de monter au 1er étage. Vous me direz où est la performance ?He bien, ces enfants sont traumatisés par ce qu’ils ont vécu et, pensaient beaucoup de personnes, ils allaient refuser de monter dans l’immeuble. J’avais évidemment claironné que le bâtiment avait été inspecté une 1ère fois par un ingénieur haïtien, puis une 2ème fois par un expert français (voir plus loin).

Visite de M. Nicolas Sarkozy

J’ai reçu une invitation pour la réception qui se tiendra, le mercredi 17 février, non pas à la résidence de l’Ambassadeur (elle est à terre), mais aux bureaux du Champ de Mars (le dit Champ de Mars est devenu un camp pour des milliers de personnes).

Carla sera-t-elle présente ?….

 Des tentes

J’ai récupéré les 35 tentes de 6 places qu’on m’avait promises à l’Ambassade.

Cela me pose un problème de conscience : doit-on remettre une tente à une normalienne qui vit dans la rue ? J’attends vos réactions à ce sujet ?

TV 5 France

Le travail du Commandant Cournac, expert, a été filmé par TV 5.

L’émission ‘’C dans l’air’’ sera diffusée vendredi. On pourra la voir sur internet pendant 6 mois.

L’objet n’est pas de montrer notre établissement (mais on le verra quand même), mais de suivre une partie de l’expertise. Peut-être qu’on verra ma bobine

(à vrai dire, je m’en moque, l’important c’est que le bâtiment soit déclaré apte à recevoir des élèves).


1er février :Suite du récit de Joël Gouy

 

Madame PARENT,  Maire de Pétionville.

Elle devait visiter notre établissement le 13 janvier. C’est la seule Ecole Normale d’Instits de sa commune ; quand nous avons pris rendez-vous, elle savait que nous avions obtenu 100% de succès à l’examen officiel. En revanche elle ne savait pas que parmi les 5 lauréats nationaux  pour l’examen de Fin d’Etudes Normales, il y avait 2 jeunes filles provenant  d’ EN de Jardinières d’Enfants (dont 1 de Bon Samaritain) et que  les 3 lauréats des EN d’Instits étaient de chez nous.

Il y a quelques jours, je suis allé à la Mairie de PV. Mme Parent était dans le hall avec un groupe de personnes. Elle m’a vu, elle est venue vers moi et m’a dit cette phrase que je n’oublierai pas : « J’ai été obligée de faire creuser des fosses communes dans les cimetières. »

Serge Bansard continue, imperturbablement,  à installer l’électricité dans les salles du 2ème étage de notre établissement.

C’est un ami de Martine et Raymond Barré, tous 3 de l’association Cœurs Unis Kè Kontre de Mortagne-au-Perche. Ils devaient arriver le jeudi 7 janvier, mais pour cause de piste d’aéroport verglacée, ils ont été retenus 24h à Paris. Leur séjour  commençait par un incident ; il s’est poursuivi par une  tragédie dans le pays,  le 12 janvier.

 Serge est installé à l’école et j’avoue que j’apprécie, égoïstement peut-être, n’avoir pas été seul dans la tourmente.

C'est un homme qui a l'intelligence pragmatique et la main ''manuelle''. Il réfléchit et fait tout ce qui se présente. Il me rappelle d'autres personnes, notamment mon frère Loïc.

 

Le MENFP (Ministère de l'éducation Nationale et de la formation Professionnelle)

Je m’y suis rendu pour aviser les autorités de notre intention de réouvrir l’école le 15 février.

Le bâtiment principal est en ruines. S’y trouvait le bureau de la DFP (Direction de la Formation Professionnelle)  où je suis allé bien des fois. Le nouveau Directeur a été tué par l’effondrement du bâtiment ; je n’aurai même pas eu le temps de le connaître.

Le bureau du Ministre, à un seul niveau,  est debout.

J’ai pu trouver son Directeur de Cabinet et lui faire part de nos projets de réouverture. Il m’a seulement demandé si notre bâtiment avait été inspecté. Oui, par un ingénieur. Mais j’espère trouver un expert pour confirmation.

Ce soir, à la TV, un bandeau : réouverture du Lycée Français le 1er mars. Avis aux profs rapatriés en France.

 

L’ ADFE (Association Démocratique des Français de l’Etranger), dont je suis membre, collecte de l’argent pour nous , via Solidarité Laïque.

Barbara Gilbertas et Elisabeth Robert, deux amies ADFE de Santo Domingo, collectent, à ma demande, des vêtements pour nos normaliennes qui ont tout perdu dans l’écroulement de leur maison. Elles vont se débrouiller pour nous expédier les colis, par la route.

Le Collectif Nantes Haïti, auquel appartient Ayiti Education, collecte des fonds pour plusieurs associations nantaises oeuvrant en Haïti. Nous consacrerons notre part à la restauration de maisonnettes d’employés de l’école, puis, si possible de parents d’élèves sinistrés (en fonction du montant disponible). J’ai déjà envoyé 3 devis aux responsables.

J’ai organisé une permanence au centre pour accueillir les parents pour qu’ils réinscrivent  leurs enfants.

Objectifs : savoir combien seront présents à la reprise du 15 février.  (à ce jour 90 réinscrits)

                  savoir quels sont les dégâts subis par ces familles (décès, blessures et destructions)

Que va-t-il se passer ?Allons-nous avoir un afflux de normaliens dont l’ établissement  est sinistré ?

L’Ecole Normale de jardinières d’Enfants du Bon samaritain, dont M Clausel, notre prof de Psycho-pédagogie , est un des responsables, est détruite. Le bâtiment de 4 étages a écrasé toutes les normaliennes (il y aurait une dizaine de survivantes, sur 120) et leurs profs.

L’Ecole Normale de jardinières d’Enfants située au bas du Canapé-Vert, un établissement en ‘’ u ‘’ de 3 étages est à terre. La rumeur dit que les normaliennes étaient parties mais que les profs étaient en réunion. A vérifier.

Y a-t-il d’autres cas ? Je l’ignore pour le moment.

 De même aura-t-on un afflux d’élèves à Jules Verne ? C’est probable.  Va se poser le problème des finances.

Pas besoin d’être devin pour prédire que la plupart des familles (de normaliens ou d’élèves ) seront dans l’incapacité de payer leur écolage, d’ailleurs très modique.

Pour les 6  premiers  mois de notre exercice (de août 2009 à janvier 2010), les écolages (mensualités) couvraient 25% de nos dépenses.

Comment gérer ce manque à gagner ?

 

Le 25 janvier 2010

Comment aider, c’est une question qui est posée par certains d’entre vous.

Il n’y a aucune possibilité d’envoyer du matériel.Je vais demander à des amis de Saint Domingue d’apporter des vêtements ; certains normaliens et certaines familles  parmi nos élèves, ont tout perdu, absolument tout. En revanche vous pouvez envoyer un chèque au trésorier d’Ayiti Education, en précisant ‘’tremblement de terre’’. Indiquez Ayiti Education comme bénéficiaire.

Ayiti Education chez Paul Gouy

Parc de Juliette

Appartement  A21

319 avenue du général d’Armée Jean Calliès

83600  FREJUS

Le trésorier vous enverra un relevé en février 2011 pour votre déclaration de revenus. NB : surtout ne m’envoyer pas de chèque, d’abord parce que les postes sont encore fermées, et ensuite parce que nous voulons  que le trésorier contrôle l’arrivée des dons.  

PLAN D’ACTION

 Notre plan d’action comporte 3 volets :

    1- L’aide d’urgence

    2- L ’ouverture de  l’établissement

    3- La reconstruction

 1-   L’aide d’urgence Vendredi soir, les responsables d’une association du quartier que je connais, sont venus me demander de trouver des tentes et des couvertures pour les sinistrés du secteur.

Samedi je suis allé à l’Ambassade de France, précisément à la Résidence de l’Ambassadeur. Autour du bâtiment principal, détruit, est installé le centre opérationnel de secours de notre pays, à savoir un grand nombre d’hommes, de tentes, de véhicules, de matériels. Le Lycée Français,  voisin, est devenu un hôpital.

Plus de tentes disponibles, elles sont toutes en place.J’ai passé commande pour le prochain arrivage.Je suis reparti avec 20 kits cuisine (un seau, 2 marmites, 5 assiettes et 5 couverts, le tout en aluminium) et 20 couvertures.Le CPAE est donc devenu un centre de distribution de matériel d’urgence. J’espère que je recevrai d’autres matériels car ce sera insuffisant. Ce n’est qu’un début. 

2-   L’ouverture de l’établissement Nous pensons que la situation s’améliorera, au moins psychologiquement, lorsque les écoles ouvriront, celles qui sont debout évidemment. Notre démarche est la suivante :a-      Nous avons fait une reconnaissance dans le secteur : les petites écoles sont en état. En revanche l’école qui accueillait le plus d’élèves, l’école Sainte-Claire, à 500 m à vol d’oiseau, a besoin de réparations, ou pire d’être abattue.b-      J’ai envoyé un courrier officiel à la Directrice de cette école, pour lui proposer d’accueillir ses élèves, dès que nous serons autorisés par le gouvernement, à ouvrir. Dans cette perspective, nous travaillons pour augmenter notre capacité d’accueil.c-      J’ai convoqué normaliens, ‘’anciens’’ et instits pour lundi matin 25. Objectifs : essayer de savoir ce que sont devenus tous ceux qui ne sont pas manifestés, répertorier les victimes et les dégâts,  organiser notre action. d-      Je vais proposer la tenue d’une permanence à l’école pour  que chaque élève, accompagné d’un parent, vienne signaler sa présence. Objectif : savoir combien sont encore ici, car beaucoup d’habitants de la capitale ont fui vers les provinces ; lister  les victimes et les dégâts. 

3-   La reconstructionNous avons décidé d’agir pour le long terme, faire du durable, donc reconstruire ce que nous pourrons, avec l’argent que nous recevrons.Conditions pour que les demandeurs soient aidés :n    ils sont soit parents d’élèves, soit employés à l’école, soit normaliensIls doivent être propriétaires de leur habitation

Bien évidemment, nous avons déjà des noms. La semaine prochaine, nous devrions avoir une liste à peu près complète des besoins.

Voici comment nous allons procéder.

a- Visite des sites  

b- Faire des devis  

c- 1ère phase, que l’on peut commencer très vite : détruire les pièces affaissées ou  lézardées ; récupérer ce qui est récupérable ; évacuer les déblais.

d- La reconstruction ne pourra pas commencer avant le 15 février car il faut attendre un mois au moins après la 1ère secousse.e-   A ce moment-là, nous risquons d’avoir une pénurie de fer à béton et de ciment.  

Lundi 25 janvier  19h30

Réunion: La réunion prévue pour ce matin a eu lieu. Avec les enseignants de Jules Verne, avec ceux d’autres écoles  (nos ‘’anciens’’), et les normaliens,  on a dû voir environ 90  personnes.

J’ai demandé une minute de silence (très poignante) à la mémoire des 150 000 morts, et des  200 000 encore sous les décombres, selon  des officiels.Chaque personne présente devait passer me voir au bureau de manière à ce que je liste l’état de leur maison, et les décès dans leur famille. Tous n’ont pas pu attendre de me voir. 68  ont pu m’atteindre. 21 ont perdu 1, 2, 3 ou plus de membres de leurs familles. 15 seulement ont une maison quasiment intacte.18 ont une maison totalement détruite et ont tout perdu.Les autres ont des maisons ‘’fissurées’’ ; ces fissures sont plus ou moins graves. Si elles affectent les poteaux ou/et les poutres, il y a de fortes chances qu’il faudra abattre tout.Quelques-uns ont une maison qui a résisté mais qui est menacée par une maison voisine fortement inclinée.

Autre calamité

Plusieurs écoles, notamment St Léonard et Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, étant détruites, nos ‘’anciens’’ qui y travaillaient sont au chômage. 18 sont dans ce cas. 

La rentrée

On la prévoit pour le lundi 15 février.Il faut attendre 1 mois après la 1ère secousse (12 janvier) pour espérer en avoir fini avec les répliques. Plusieurs normaliens ont annoncé qu’ils auront du mal à payer leurs frais de transport et ne pourront peut-être plus venir.  

Le 22/1 /2010

Témoignage de Jean SAUREL, ami de Martine et Raymond Barré

Je suis normalien supérieur, prof de maths et de physique.Je travaillais :-         au collège Caraïbéen de Pétionville-         au collège mixte de l’Espérance à Delmas 65-         au collège mixte les Frères Cruciens  de la Croix-des-Bouquets (banlieue nord)-         au collège Frères Unis de la Croix-des-Bouquets -         à l’Université Américaine des Sciences Modernes à Port-au-Prince-         à l’Université GOC à Port-au-PrinceTous ces établissements sont entièrement détruits.-         à l’école Professionnelle CINFOCA à Port-au-Prince-         au Collège Quisqueya de la Croix-des-BouquetsCes deux établissements sont partiellement détruits.  

Mardi soir 26 janvier 2010

Cela fait 2 semaines que la terre a tremblé pour la 1ère fois.
Lundi 18 janvier à 18h30

Les mauvaises nouvelles s’accumulent ;  les normaliens essaient de prendre contact avec moi. Pour une majorité, heureusement, il n’y pas eu de dommages. Cependant, certains ont perdu des proches, d’autres leur maison, ou encore la maison est fissurée et dangereuse.La plupart  des gens campent sous des morceaux de tissu fixés à 4 piquets, pour se protéger du soleil.Déjà 2 écoles de notre réseau sont signalées détruites : St Léonard et Sté Thérèse de l’Enfant Jésus. (Je n’ai pas encore pu vérifier). Huit de nos anciens sont donc sans travail.En revanche, à Pétionville, les écoles Acacias, Kindergarden de PV, Planète Bleue, Coccinelle et Arc-en-ciel sont debout. Et d’autres encore. Et Cours Edmé ainsi que Plein Soleil.Donc, je vais me battre pour que ces écoles, comme les nôtres ouvrent au plus vite, en accueillant des élèves d’écoles sinistrées. 

Je convoque tous les ‘’anciens’’ et tous les normaliens qui m’appellent à une réunion le lundi matin 25. Combien seront-ils ?

 La fuiteTous ceux qui le peuvent fuient la capitale.Les gens aisés ont pris l’avion pour l’étranger, ou leur voiture pour Saint-Domingue. Motif : scolariser les enfants pour éviter qu’ils perdent une année scolaire, sort qui semble  promis à  ceux qui ne partiront pas.D’ autres, plus modestes, s’en vont vers leurs provinces natales ou ils ont de la famille.Enfin, d’autres ont été rapatriés, par exemple tous les Français qui le désiraient.  Mardi 19 janvier, une semaine après la catastrophe La vie reprendCe sont les stations service qui ont ouvert en premier. Moyennant des queues et des attentes prolongées, on pouvait avoir  du carburant évidemment rationné.Et ce matin, ENFIN, il était temps, quelques supermarchés ont ouvert à Pétionville, en présence de forces de police par précaution. Vous ai-je dit que le principal supermarché, Caribbean Market,  est en ruines ? Je me suis déplacé dans Pétionville, une ville aussi peuplée que Nantes ( qui compte 270 000 habitants intra-muros). J’estime à 2% les destructions nettes de maisons et d’immeubles. En revanche, je ne peux pas donner d’estimation sur le nombre de bâtiments fissurés. Mon quartier a peu souffert. Les destructions sont beaucoup plus nombreuses et massives dans les zones plates, quasiment au niveau de la mer : Port-au-Prince, Léogane…Je ne suis pas descendu à P-au-P pour une raison essentielle : je ne veux pas faire de voyeurisme et je veux laisser les sauveteurs disposer du faible réseau routier en service. J’irai plus tard, dans quelques jours.    

 

Vendredi 15 janvier 2010 à 19h locales

Une FROUSSE MONUMENTALE

 

J’ai cru que le bâtiment allait s’ écrouler. Tout bougeait fortement, murs et poutres en béton, meubles, tout. Et cet énorme ronflement qui effraie, et qui s’est reproduit à chaque secousse violente. Vraiment je n’ai pas compris tout de suite qu’il s’agissait d’un tremblement  de terre. Et quand je suis sorti enfin, la première et plus puissante secousse, qui a duré une minute, était terminée.

Heureusement, à 5h du soir, ce mardi 12 janvier,  il n’y avait dans l’école que Docimus, sa femme et leurs 3 enfants, ainsi que Serge, un ami de Martine  et Raymond Barré, le boss maçon Lucien, et moi. Heureusement, car un parapet de protection, autour de la terrasse du 3ème étage, a basculé dans la cour : 5 rangs de parpaings sur 10m de longueur.

Le boss Lucien s’est mis à gesticuler et à crier ‘’merci seigneur ‘’ et j’ai dû le calmer en lui disant : ‘’Il faut vérifier s’il y a des dégâts dans l’immeuble’’.

Quant à moi, je remercie très fort l’ingénieur Hantz Zennie qui m’a très habilement conseillé au début de la construction, pour calculer le nombre et le calibre des fers à béton, ainsi que les dimensions des poteaux et des poutres. Si la construction avait été fragile, je serais au nombre des victimes.

 

COUPURE DES COMMUNICATIONQS

Ce vendredi soir, 3 jours après la catastrophe, je n’ai essentiellement que des informations qui m’ont été rapportées par d’autres personnes dont des normaliens qui sont venus.

Peu de temps après les 3 premières secousses, les communications ont été coupées. J’ai réussi in extremis à appeler les Barré et Betty ; chez eux  rien de grave.

Quand j’ai voulu appeler la France, ce fut impossible.

Que ceux qui ont craint pour nous me pardonnent : j’ai tenté mille fois, jour et nuit de vous appeler, en vain. Je n’ai réussi à parler à Martine Gouy que le jeudi vers 13h ; je n’ai eu que le temps de lui demander de prévenir tout le monde, de dire  que tout allait bien pour nous, et la communication a été coupée. Mais j’étais immensément soulagé.

Quant à internet, chez moi, la connexion n’est toujours pas rétablie et c’est depuis l’ installation d’amis possédant une antenne parabolique que je vous envoie ce message.

 

Une CATASTROPHE APOCALYPTIQUE

Par malchance, il ne me reste que peu de carburant dans la voiture et le groupe électrogène est à sec depuis une demi-heure.

Jeudi matin, n’arrivant pas à joindre la France, je me suis rendu à l’Ambassade pour signaler que Martine, Raymond, Serge et moi étions sains et saufs.

Sur le parcours, des maisons et des immeubles effondrés, mais pas très nombreux ; les plus fragiles ont cédé, souvent sur leurs occupants.

A l’Ambassade

L’Ambassade, c’est un lieu de rassemblement pour les Français sinistrés . D’abord, la résidence de l’Ambassadeur où j’ai assisté à bon nombre de réceptions, est au sol. Dans les jardins, c’est un camp de réfugiés, car il faut dormir hors des bâtiments.

Tous ces compatriotes attendaient leur rapatriement. Untel avait tout perdu dans l’effondrement de sa maison. Tel autre espérait aller récupérer quelques papiers dans les décombres de son habitation.

Et Benoît et Mylène Faucheux, effondrés par leur malheur : leur fillette de 3 ans tuée par l’écroulement de leur maison, et la mère de Mylène, toujours sous le béton…

A cette heure Benoît, Mylène et Margot, leur aînée, doivent être en France. Je ne peux que leur dire courage, ce qui est bien dérisoire.

 

Et ailleurs

Autour du Lycée,  qui serait indemne, bon nombre de maisons et d’immeubles sont détruits.

Je ne suis pas allé encore au bas de la ville. Et, tous les témoignages le confirment c’est l’horreur absolue, l’enfer. Destructions massives et maintenant l’odeur des cadavres en décomposition sous le béton.

Vous avez certainement vu des images à la télé.

La Palais National en partie effondré, la cathédrale dont la voûte s’est effondrée sur les fidèles présents. La plupart des ministères, au sol.

Heureusement, dans ces édifices, à 5h du soir il y avait peu de monde.

Le pire ce fut dans les établissements scolaires.

Car il y a des cours à 5h. Et plusieurs facultés, plusieurs écoles normales  se sont  effondrées sur les étudiants. Probablement, le même désastre s’est produit dans des écoles qui pratiquent la double, voire la triple vacation. Qu’est-ce ? Le matin, cours pour enseignants et élèves ; l’après-midi, cours pour une 2ème vague d’élèves et de profs. Dans certains établissements on fait même 3 cohortes.

Et l’hôtel Montana, le plus prestigieux,  pour une clientèle capable de payer 200 dollars la nuit, écroulé sur 200 personnes. Combien seront sauvées par les sauveteurs français arrivés de Martinique ?

J’arrête.
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Samedi 16 janvier 9h21

J'espere que mon premier message, sur clavier americain, donc sans accents, vous parviendra et vous rassurera.

Les bonnes et les mauvaises nouvelles  arrivent peu a peu car les liaisons telephoniques fonctionnent mal.

Quelques normaliens ont pu faire savoir qu'il n'y avait pas de probleme pour eux.

Mais Aldany, ma cuisiniere vient de passer: son frere est enseveli sous un immeuble de la DGI (Impots), son neveu et ses
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2 nieces sous leur maison. Elle m'a dit que l'une des menageres de l'ecole a perdu 3 personnes.

C'est le debut d'une longue liste, helas...
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